Le fonds documentaire du CCNO

Contrairement à la plus grande partie des terrains de jeux ou de sports, les différents espaces fabriqués pour le skateboard ne sont jamais abstraits. La majorité des skateparks actuels, avec leurs mélanges de courbes, de plans inclinés et de volumes parallélépipédiques, synthétisent l’espace d’origine du skateboard, l’océan, et son lieu de naissance, la ville moderne. Accompagné de nombreux documents photographiques, ce texte est une visite guidée des espaces du skateboard. L’auteur en dresse une sorte de typologie formelle tout en constituant son archéologie, des appareils de mécanique galiléenne à l’histoire de la sculpture minimaliste dont les skateurs seraient les héritiers.
« Depuis une dizaine d’années, je remarque avec stupéfaction combien les œuvres d’art public sont fréquemment documentées dans les magazines et les vidéos de skate. Les skateurs les utilisent comme support de leurs figures. Les passants, le public, la critique et l’histoire de l’art jugent les œuvres selon des critères esthétiques et conceptuels (la beauté d’une forme ou l’intérêt d’une idée). Ceux des skateurs sont mécaniques : tout l’intérêt d’une sculpture dans l’espace public tient à la variété des mouvements qu’elle suggère. » Raphaël Zarka

Riding Modern Art rassemble une collection de 70 photographies en noir et blanc de personnes faisant du skateboard sur des sculptures dans des espaces publics. Grâce à son étude du processus d’appropriation et de réutilisation des œuvres d’art dans les lieux publics, utilisées par les skateurs comme nouveaux défis pour leur sport, Raphaël Zarka offre une façon d’aborder une œuvre d’art qui souligne le dynamisme de la sculpture moderne, jeter un éclairage critique sur l’idée de mouvement dans ces œuvres souvent abstraites et géométriques, inspirées par l’art cubiste, futuriste ou constructiviste.
L’approche du skateur à la sculpture, plus mécanique que conceptuelle, fait ressortir la variété de mouvements qu’il cherche à suggérer. Bien qu’il ne soit pas possible de « geler » ou de représenter le mouvement sous une forme solide (il ne peut être sculpté), il est néanmoins un élément constitutif de l’œuvre, tout comme l’espace. Ainsi, le corps du skateur devient une forme chorégraphique sur une forme sculpturale, et la présence d’un corps humain sur une œuvre d’art le transforme de quelque chose perché sur un piédestal en une sculpture vivante.