Éditeur : CCN de Montepellier

Résumé :

Pour cette création Mathilde Monnier prend appui sur la nouvelle inachevée 'Lenz' écrite par Georg Büchner en 1835.

La nouvelle de Büchner opère au sens où elle est toujours active, activant une pensée du présent et permettant une appropriation non de l'œuvre elle même mais de ses effets, de son impact, de ses projections - Lenz irradie.

Le soubassement qu'offre Lenz dans sa marche, ouvre des figures importantes, d'abord celle de la frontière, celle du passage "de l'i-é-migré" tentant de traverser les frontières, celle de la difficulté d'avancer, de passer, de comprendre le chemin.
C'est une mise en réseau de ces différents passages - passage de la voix, du geste, du son, de l'espace - qui nous intéresse, développant ou refaisant le voyage de Lenz.
Interférences singulières et liens interactifs surgissent et jalonnent ce chemin. Rien de permanent, une constante modification. C'est dans cette construction d'un paysage spectacle, que se tracent et se déroulent les lignes du chemin, du marcheur et du paysage dans lequel il s'inscrit. Paysage intérieur et extérieur qui ne serait que la projection de son esprit.
C'est dans cette circulation que s'élabore le déplacement du spectacle - écriture du déplacement. Le déplacement physique dans l'espace est aussi le moment du déplacement dans la poésie, rejoignant les grands marcheurs. Serge Daney, a eu besoin de marcher des années pour écrire ses articles sur le cinéma.
Il n'y a pas de but particulier à ce chemin, il n'y a que la recherche du but - tir au but.
La démarche se déroule dans une impossibilité à dessiner son but.

Le poète Lenz a passé sa vie à marcher dans la neige et dans les chemins de montagne. Lenz est un fou marchant, il ne tient véritablement pas en place. Aucune place ne lui est assignée. Il poursuit son chemin sans souci - si ce n'est "de ne pouvoir marcher sur la tête."
Marcher aussi pour oublier dans l'hébétude de la fatigue la marche du monde.

À partir du matériau/Lenz, il s'agit avant tout de traiter d'un espace de ralentissement, pouvoir s'arrêter, dilater le temps, non pour développer une esthétique du mouvement au ralenti, mais bien pour donner un temps de décélération du regard et des perceptions, en rupture avec les temps coupés, saccadés, séparés et ultras accélérés du monde.

Le temps du paysage est un temps contemplatif proposant un espace mental pour désarticuler le regard dans lequel, comme chez le poète, surgit le désordre voire le désastre.

Nombre d'exemplaire: 1